Comment courir Zen : le « running en pleine conscience »

Courir zen : le running en pleine conscience

Comment j’ai découvert le « running en pleine conscience »

Une expérience à méditer

Après des mois et des mois de blessures diverses aux mollets, ma reprise en fin d’année dernière ne pouvait être que très progressive.

J’ai augmenté très lentement le volume, puis l’intensité. Je m’en suis expliqué dans un bilan que vous pouvez lire ici.

Je me suis équipé d’une paire de HOKA (c’est ce qui m’a permis de recourir !) et j’ai modifié ma foulée pour qu’elle soit plus rasante, limitant ainsi les impacts et les contraintes musculaires. Malgré tout au début, je courais « sur des œufs », sachant que la moindre accélération ou la moindre impulsion pour monter sur un trottoir pouvait me provoquer une contracture ou une élongation (ah, la vieillitude !)

Une attention de tous les instants

Le résultat, c’est que je devais me concentrer sur moi et ma foulée en permanence, sans possibilité de laisser vagabonder mon esprit. Frustrant, et fatiguant.

Puis finalement, j’ai commencé à apprécier l’état mental que cela induisait. Presque un état de conscience modifié comme décrit dans les traités d’hypnose, de relaxation.

C’est alors que j’ai fait le rapprochement avec le discours interne que l’on pouvait avoir lors d’une séance de relaxation ou de méditation. J’ai donc découvert comment courir zen 😉

Courir et méditer en même temps

Quand on y réfléchi, le temps passé à courir seul est particulièrement propice au travail sur soi et aux monologues interminables. Le rythme cyclique des foulées associé à l’action des endorphines a quelque chose d’entêtant. Mais méditer, ce n’est pas laisser aller ses pensées ou ne penser à rien. Méditer c’est plutôt centrer son esprit sur un élément en particulier.

> Soit c’est un élément « interne » comme sa respiration, la position de son corps ou un sentiment.

> Soit c’est un élément « externe » comme les bruits environnant, la température ou la sensation du vent.

Alors j’ai expérimenté une petite routine qui me permettait de rester « focus » sur ma technique de course, tout en permettant de ne pas me répéter la même phrase pendant trois quarts d’heure !

Voici comment j’ai procédé.

J’ai décidé (arbitrairement) d’aller du bas vers le haut afin de garder le fil plus facilement, et de ne rien oublier.

D’abord je me concentre une dizaine de secondes sur ma pose de pied, puis autant sur ma fréquence, la position de mon bassin, le passage de mes mains au niveau des hanches, puis enfin sur ma respiration et l’orientation de mon regard.

Et je recommence ensuite ce cycle, qui dure environ une minute.

Le running en pleine conscience
© chalabala (fotolia)

Le concept de pleine conscience

Cette façon de s’encrer dans le moment présent et de centrer son esprit sur ses sensations, se rapproche de la méditation et du mouvement de « pleine conscience » développé dans les années 70 par un médecin américain, Jon Kabat-Zinn.

Mais en réalité, ce mouvement n’est qu’une adaptation des méthodes de méditations bouddhistes existant depuis des millénaires. Dans d’autres contrées, on peut trouver des outils semblables couplant l’exercice et la méditation, comme par exemple la marche afghane.

Pour ceux qui ne connaissent pas la méditation, il s’agit d’une pratique mentale consistant à concentrer son attention sur un « objet de pensée » ou sur soi même. Cette pratique vise à entraîner une paix intérieure et un apaisement progressif grâce à un objet d’observation extérieur ou intérieur (projet, concept, sensations).

Les effets bénéfiques de la méditation sont bien décrits par la science. On peut noter :

  • Renforcement du système immunitaire
  • Réduction de l’anxiété (baisse du niveau de production des hormones du stress)
  • Amélioration du système cardio vasculaire et de la tension artérielle
  • Diminution de l’irritabilité
  • Action d’antidépresseur
  • Hausse des capacités cognitives (mémoire, apprentissages, etc.)
  • Amélioration de la digestion et des grandes fonctions de l’organisme
  • Effets positifs sur « l’estime de soi »

Ma méthode

Cela fait maintenant 3 à 4 mois que je pratique le running en pleine conscience, au moins une fois par semaine.

Si au début notre concentration ne nous permet de tenir que quelques cycles, il est possible avec l’entraînement d’augmenter le temps de concentration. Pour ma part, je parviens à faire 30 à 35’ sans décrocher !

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin, et apporter de la variété, j’ai incorporé de nouveaux exercices.

Par exemple, je tente d’élargir ma concentration sur 2 éléments en simultané.

Après être resté centré sur ma pose de pied, je pose mes pensées sur ma fréquence tout en essayant de garder la rémanence de la pensée précédente, et ainsi de suite.

C’est plus difficile, et un retour aux cycles classiques permet de reposer les méninges quelques instants 😉

C’est donc un excellent moyen de briser la routine, de réduire son stress… et au final de potentialiser au maximum ses intentions de travail sur sa propre technique de course, sur sa respiration, ou sur ses stratégies de dépassement de soi.

En effet, même quand je coach des athlètes en pleine séance de piste, et que je leur rappelle tout les 400 mètres que d’avoir les bras dans l’axe, de remettre de la fréquence ou de réorienter leur regard, ces intentions ne perdurent que quelques dizaines de mètres… L’encrage technique est donc très limité, même répétée plusieurs fois par semaine, pendant plusieurs années.

Alors qu’avec cette méthode, d’une part l’intention viens de nous, ce qui est toujours plus efficace 😉

D’autre part, le temps passé à faire l’effort de s’améliorer est beaucoup plus important, ce qui augmente redoutablement l’efficacité des efforts fournis.

Le tout, bien entendu, est de la mettre en application fréquemment !

Un outil plein d’avenir

Depuis, j’ai fait quelques recherches, car il me semblait que de nombreux auteurs avaient publiés à ce sujet. Hors il n’en est rien.

Ah si ! J’ai découvert que le Dalaï Lama avait l’habitude de méditer en faisant du vélo d’appartement, et j’ai trouvé quelques sites Internet qui abordaient le sujet, dont Les stratégies de la réussite fondé par un ancien coureur de haut niveau, Philippe Leclair.

Pourtant, on a vu que les bénéfices potentiels pour la santé sont importants. Et que dire des effets positifs sur les performances des coureurs d’ultra, quand on sait que le seul facteur réellement limitant reste le système nerveux central et sa résistance à la fatigue.

Le running en pleine conscience est donc un outil encore inexploité permettant de dépasser nos limites, et de ne pas laisser la place à la douleur ou aux doutes dans les moments difficiles.


NB : Le seul livre que j’ai trouvé est écrit par Sakyong Mipham. Il résume bien mes propos dans un livre en Anglais, intitulé « Running with the Mind of Meditation ».

Il écrit que « Savoir méditer en courant, ce n’est pas d’essayer d’éviter constamment l’ennui ou la douleur, mais plutôt faire face et accepter les choses telles qu’elles sont. Affronter les moments de doute, prendre la mesure d’un défi, cela renforce l’esprit. »

Ceux qui maitrisent suffisamment l’anglais ne regretterons pas cette lecture. Sakyong Mipham Rinpoché est un maitre du boudisme tibétain. Et l’anglais n’étant pas sa langue natale, cela rend la lecture plus accessible.

Vous pouvez le trouver ici en cliquant par ici. Bonne lecture et bons « footings en pleine conscience ! »

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